On déchausse les crampons, on dit merci à Claudio pour cette belle journée, Claudio paye son canon, ah bon? On reste un peu alors...
Franchement bonne paye ce Claudio... on rererererererefait le sac qui désormais répond à une organisation charactéristique de l'empilement chaotique de dernière minute. Heureusement, j'ai pas mal de place, ce qui m'autorise quelques achats (étonnant hein?) et un peu de laxisme (surprenant hein?).
Bus de nuit direction Santiago Capital, coincé côte à côte, et il faut y aller pour voir les côtes d'une Chilienne qui, sans vouloir médire, est passablement dodue. Mais quand on connaît la gastronomie locale, on en fait pas tout un plat (je l'ai piqué à Raymond Devos celle-là). Pas drôle. J'ai moi-même conservé tout le bénéfice de mon léger surpoids de forme au moment du départ grâce à une alimentation riche et déséquilibrée: repas à toute heure, empanadas, sandwich gargantuesques, viandes grasses et papas fritas à la volée. Je mise désormais tout sur le passage en Bolivie pour me délester de force. Fin de parenthèse.
Santiago on verra plus tard, objectif Valparaiso, la perle du Pacifique, une de plus il me semble, ou Valpo pour les intimes, Valpopo pour les bègues (je suis pas en forme, ça passe pas, rien à faire).
Ville portuaire ayant connu son apogée avant l'avènement du canal de Panama, la cité est réputée pour ses maisons colorées accrochés à ses collines (les "cerros")... Je parle sous couvert d'anonymat mais il me semble que les maisons étaient peintes afin les pêcheurs repérent leurs chers foyers longtemps avant d'accoster leurs femmes.
C'est aussi une ville d'artistes, de bohème et d'art de rue avec ses nombreux "murales", la Mecque du graffeur si je puis dire. La première impression est mitigée, je décide de faire le malin et de rejoindre mon auberge à pied ; je commence à me perdre dans les dédalles de ruelles, de passages et d'escaliers... Avec tout mon barda sur le dos, je finis par trouver une mémé qui me mène à bon port de son petit pas érudit. Gracias abuelita.
Petite évolution, chemin faisant, je suis passé au "couchsurfing", pour ceux qui ne connaissent pas, la devise est: "participer à la création d'un monde meilleur, canapé après canapé ".
Et bonne pioche, je suis tombé sur la Katherinne. Le Chilien a sa fantasie et nombreux sont ceux qui possèdent un prénom français, allemand ou anglais tout en étant plus Mapuche que Corrézien, Bavarois ou rouge au soleil. La Katha est hyperactive et insomniaque: elle change de bar ou de "local" toutes les 30 minutes et lit de la poésie à 5H du matin. Quand j'ai vu avant de la rencontrer qu'elle aimait Bukowski, je me suis dit qu'elle pouvait pas être totalement chiante. J'ai visité la ville autrement et découvert de bon endroits à ranger dans la catégorie insolite où il n'y avait pas foison de gringos. On s'est même retrouvé à Santiago où j'ai pu squatter chez la graaaand mèèèèèère cette fois-ci.
Et parmi toutes ces maisons, cher lecteur amateur de lecture, il y en a une qui a été "construite comme un jouet" et il y "jou(aient) toute la journée"... indice: l'homme écrivait toujours à l'encre verte parce que c'est la couleur de l'espoir, fut poète, diplomate, Prix Nobel de littérature, c'est certainement cette demeure qui lui inspira l'Ode à la mer, j'en passe et des meilleures... Et ouiiii c'est une bonne réponse de l'Amiral!
p.s.: c'est la nouvelle politique de la maison, le poids des mots, le choc des photos, en synchronisation parfaite. Sinon, c'est le bordel, et ça je ne le tolérerai pas plus longtemps sous mon toit. Au demeurant, j'ai remis la main au fonds d'un tiroir sur mes derniers tirages de Patagonie.
Aller, tout le monde a été sage, un cadeau bonus extrait de "J'avoue que j'ai vécu", autobiographie de l'homme marqué par le XXième siècle:
«Je veux vivre dans un pays où il n'y a pas d'excommuniés. Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette. Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries. Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser. Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie. Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos. Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.»
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