Ici fusée à tour de contrôle



Alpha tango pepe rangers, indiquez votre position !!!

Ici fusée à tour de contrôle
Les étoiles jouent leur rôle
De perles d'oubli au cœur d'un roi qui se languit
Et je ris très fort, j'ai très peur, je revis
Mais seul dans ma boite de conserve
Seul, je m'endors dans un monde fou
Et j'en oublie jusqu'à vous...






Gérard Palaprat, en reprise de Space Oddity si vous ne connaissez pas (sauf la première ligne qui serait plutôt à mettre au crédit de Gregory "Papy" Boyington).

Plus prosaïquement, ma boite de conserve, c'est un autobus et je traverse la localité de Puerto San Julian dans la Province de Santa Cruz, le premier lopin de terre argentin où un gringo posa ses espadrilles en 1520, un certain Magellan d'après les registres, le mec qui a inventé le tour du monde ! Respect "che" (le "che" argentin correspond au "dude" américain, et il valu son surnom à un célèbre révolutionnaire en campagne au Guatemala).

Il est exactement 4H03 du matin à ma rolex en plastoque, je roule plein pot dans la nuit étoilée de Patagonie, direction El Calafate, où je poserai le pied dans au moins 8h. El Calafte se situe exactement à 2900 km de Buenos Aires, à 900 km d'Ushuaia et il n'y a pas de RER.


Je me suis bourré de café à volo dans le bus, ce qui explique mon exceptionnelle insomnie, mais ne vous inquiétez pas, d'ordinaire je fais très bien mes nuits. Comme de coutume, je me suis mis à l'étage au premier rang en 16/9ième sur le défilé de carte postales (quand il fait jour évidemment), ne manque que Bombon el Perro à mes côtés. Je me contente d'un australien, au moins il ne bave pas.



Depuis Buenos Aires, j'en ai sifflé des kilomètres en bus... j'ai d'abord traversé la Pampa, alors j'entends Pampa par-ci Pampa par-là, il y en a même qui en font leur beurre en musique "como una Pampaaaaaa triiiiiiiiiiiste" (héhéhé, merci, merci ne l'encouragez pas). La pampa, qui signifie plaine en Quechua, est en Argentine la région centrale-ouest qui grosso merdo s'étend de Buenos Aires jusquà 1000 bornes plus bas. La pampa! La pampa! "Morne plaine, comme une onde qui bout dans une urne trop pleine". Ensuite, commence la Patagonie à proprement parler, qui peut se diviser entre Patagonie andine et Patagonie centrale et atlantique.

Je suis arrivé à Bariloche et sa région des lacs dans le nord de la Patagonie. Cette région est souvent comparée à la Suisse, ce qui n'est pas très exotique pour les européens, mais néanmoins très zolie. C'est l'été indien ici, les arbres ont pris des couleurs jaunes orangées, puis rouge un peu plus haut juste avant les sommets enneigés, c'est très chatoyant. A mon sens Bariloche vaut surtout pour la vue depuis le Cerro Campanario, un des plus beaux point de vue au monde selon le National Geographic, c'est vous dire si c'est beau.


Quelques jours de détente et de promenades avant de m'engager sur la route 40 mais celle-ci vient de fermer pour l'hiver (à 10 jours près j'étais bon). Cette mythique route parcours plus de 5000 km le long de la Cordillère des Andes du Sud au Nord de l'Argentine jusqu'à la frontière bolivienne. La moitié de la route est en terre et devient trop dangereuse aux premiers assauts de l'hiver (pas de service d'assistance et les portables ne passent pas sur beaucoup de sections). Un mythe de plus s'envole, snif.


Par Toutatis, je ne vais pas mettre les gaz au Sud Sud tout de suite, je vais descendre en rappel par une voie parallèle et faire quelques stops, voir le centre de la Patagonie, souvent délaissé des touristes.

J'ai renfilé mes santiagos, ajusté mon ponchon et sifflé mon cheval. Direction El Bolson... un bled haut lieu de hippismes dans les années 70, je parle de hippisme cheveux longs et casaques bariolées, pas les p'tits bonshommes sur des poneys drogués. Il y a 30 ans, la ville s'est déclarée "zone non-nucléaire" et "municipalité écologique". Si Nicolas Hulot s'était donné la peine de s'arrêter là, vous vous laveriez la tronche avec des shampoings El Bolson ! J'ai fais du VTT dans le froid le matin, et soleil pleine poire au retour, j'ai failli me mettre dans le rouge. Le rouge je l'ai retrouvé le soir même avec Luca, un Argentin qui parcours son pays pendant 2 mois le long de la fameuse route 40 (il a fait les portions fermées plus tôt, il remonte lui, il est malin lui). On a bien parlé pendant au moins deux bouteilles dans le salon d'une auberge qui ressemblait plus à une maison familiale, tenu par un Brésilien avec qui j'ai partagé mon premier maté. L'autre intérêt de la ville réside dans le marché d'artisanat, tous les chevelus descendent des montagnes pour vendre leurs cames (je parle de bibelots fait mains). L'atmosphère est plaisante.


Next stop: Esquel city


Porte d'entrée du parc de los Alerces... encore une fois, souvent oublié des touristes, particulièrement ce jour là, je n'ai croisé aucun bipède pendant 8h hormis quelques Rangers du Parcs, c'est d'ailleurs un employé du Parc qui m'a ramené en auto stop à la ville (50km, pas envie d'attendre 2h le bus, conduite sportive, virages à la corde). C'est vraiment la morte saison mais ça ajoute à l'isolement des paysages, c'est dans l'esprit. La météo aussi, je suis plutôt chanceux mais ça peut changer en 5 min Rolex en main, faut être prêt à aimer la Bretagne l'hiver, c'est puissant.

Je suis ensuite allé une journée à Trevelin, bourgade voisine, quelques âmes, qui vivent, je n'en sais rien. J'ai croisé plus de chevaux et de chiens errants, je n'ai trouvé qu'une station service pour déjeuner, si j'étais passé 10 ans plus tôt, j'aurais déjeuner au Bagdad Café. Des plaines jaunies entourés de sommets enneigés à l'Est et de collines sèches à l'Ouest. C'est une ancienne colonie Galloise. D'autres "grandes" villes comme Trelew et Puerto Madryn, chères à Saint Exupéry, doivent leur origines aux colons gallois qui ont longtemps su conserver des traditions fortes grâce à l'isolement de la région. Au début du siècle passé, le gouvernement argentin allouait des terres gratuitement aux colons (pas par charité Chrétienne, surtout pour foutre les Mapuches et les Tehuelches dehors, suite à la "conquête du désert").


Aujourd'hui, près d'Esquel, le plus grand propriétaire terrien d'Argentine s'appelle Benetton, possède l'équivalent d'un tiers de la Belgique et empêche les Mapuches de circuler librement. Unided colors of Benetton par-ci mais par là visiblement les Mapuches ne font pas partie du spectre chromatique de tonton Bene. D'après la légende Mapuche, Galvarino (non c'est pas une station de métro) s'est fait coupé les mains par les espagnols et a continué le combat en s'attachant des couteaux aux bras. A bon entendeur. Si Benetton fait un modèle de pull sans manche, ce sera le Galvarino en véritable laine de Patagonie.


Mon combat contre les degrés de latitude continue et pour l'instant je gagne la partie malgré les conditions météo qui seront de plus en plus défavorables (quid de la liaison bateau entre Ushuaia et Puerto Williams?).


Arrivé à Calafate, j'ai rejoins Jibé que j'avais rencontré à Bariloche, un parigot pas très menthe à l'eau, qui dispose de 5 mois pour un peu d'Amérique du Sud et une traversée du Canada de Vancouver à Québec. Un peu de réclame pour la "concurrence". Le garçon fait des films et j'admire parce que je ne sais pas faire:



De mon côté, j'envois des photos dans les meilleurs délais, c'est mieux que de longs discours (pfiouu, il m'a achevé celui-là...).

Bien à vous, hasta siempre.

p.s.: Domenech continue de m'emmerder au bout du monde. C'est le revers de la médaille en chocolat d'un monde de communication autour d'un homme qui en manque cruellement, aaaaah miiiisèèèèèèèèère !!!

6 Response to "Ici fusée à tour de contrôle"

  1. Jean-Baptiste Mordef. Says:

    Salut Gringo ! Bon tu sais peut être pas faire des films mais j'aime bien ton style de cochon niveau ecriture et les photos sont tres belles! J'ai bien aimé la réference a JAVA c'est pas de la menthe a l'eau, une partie de ma jeunesse musicale! Merci pour le coup de pub :) et puis profitons de nos 3 prochains jours encore ensemble!
    El Jibé !

  2. vivi Says:

    Quel blog greguy, tu as un pur style littéraire, je suis jalouse... tu m'apprendras à écrire dis???
    En tout cas tu nous fais bien rêver ça donne envie d'y aller... allez prochain voyage.
    A la proxima, ten cuidado tio, besitos.
    bibi

  3. Alexandra Says:

    Olá, gregozinho!

    Will Conhecer o "Perito Moreno" no Parque Nacional Los Glaciares?
    Magnifica imagem dos Glaciares. OS Atenção com barulhos ...... uhhhh!

    Beijos.

  4. Tio Grego Says:

    Sim Senora !
    conoces bem a regiao do calafate..
    fui hoje, um espetaculo do carrago pa !!!
    a maquina de retratos funcionado como nos melhores anos a o Geres

  5. tom Says:

    des belles photos et une ecriture tres plaisante mais le plus beau c la moustache de gringo

  6. Elias Courgette Says:

    Top Greg ! Je me suis bien marré!
    n'oublies pas d'envoyer de photos de pépées des andes à walou

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