Cap au Nord

Après avoir rendu visite à tonton Pascua, retour obligé à Santiago. J'y suis, j'y reste, surtout pour ses musées ("ah c'est intéressant") et sa vie nocturne ("ah bonsoir, c'est intéressant"). Pour l'architecture, il faudra repasser:


Je dis obligé parce que j'ai un peu de mal avec les grandes villes après la Patagonie et Rapa Nui. Trop de bruit, trop de gens qui s'agitent, trop de galères pour se repérer, trop serré dans le métro façon direction la Défense (gloups), trop de "est-ce que je peux marcher la nuit dans cette rue où est ce que je vais rentrer en slip à pompons?". Au demeurant, je ne me suis jamais senti menaçé mais j'ai remarqué que dans toutes les villes la nuit les hommes fuient du regard et les femmes baissent les yeux quand on se croise dans des rues peu fréquentées. J'ai pas l'air méchant nom d'une pipe! Je vous parle pas des histoires de chauffeurs de taxi de Santiago qui s'entrainent à ouvrir leurs coffres de l'intérieur et des policiers en gilet par balle bien ajusté et fusil à pompe devant les banques (je sors la carte dorée tout doucement de ma poche intérieure ou cas où le furieu me colle un pruneau par mégarde). Pas de panique, je suis prudent, j'ai des vêtements discrets (mais seyants), je ne suis toujours pas blond aux yeux bleus (et je crois que c'est mon meilleur atout jusqu'ici), je ne prend que du cash  la nuit, et surtout je parle aux gens, c'est le meilleur moyen d'éviter les mauvaises rencontres. Je touche du bois mais dans 99% des histoires de vols ou d'agressions que j'ai pu entendre avec des touristes, ces derniers avaient commis au moins une erreur. Je ne relache pas ma vigilance pour pas être la victime la plus facile, je tiens à mon appareil photo autant qu'à la prunelle de mes yeux. Voici le genre de costard que je dois acheter pour passer incognito:



Objectif Nord hasta l'Altiplano. Depuis Santiago, je prend l'option Argentine direction Mendoza, franchissement de la Cordillère des Andes en faisant frotter les retros sur l'Aconcagua, toit des Amériques à près de 7000 mètres au dessus des océans. Pas très inspiré par Mendoza, la preuve, une photo en trois jours et elle est partie à la corbeille. A mon corps défendant, je ne suis pas parti dans les meilleures conditions: je quitte Santiago au coup de vuvuzela final de l'apothéose tricolore en Afrique du Sud, je me fais 6 ou 7h de bus, j'arrive dans une auberge à Mendoza, et je partage ma chambre en dortoir avec qui, et oui, non pas un mais deux... Irlandaaaaaais. Et biiiiiim, j'aurais beau chanter mon amour pour l'amertume de la Guinness, l'amertume Irish est plus forte, je me fais encore chauffer les oreilles !!!

Next step, le Nord Ouest Andin via Salta, la preuve en image:


Attention, on change de crèmerie ici. Dans cette partie de l'Argentine et du Chili, l'indigène (c'est pas péjoratif par ici, c'est même correct) est plus proche du cousin Bolivien que du quidam moyen que l'on peut croiser à Buenos Aires ou à Santiago. Cuir tanné et creusé, pommettes hautes et saillantes, oeil étiré, visage sans âge passé un certain âge. Jusqu'ici j'avais plusieurs couvertures et j'étais un peu plus discret qu'Hubert Bonnisseur de la Batte dans OSS 117: argentin ou chilien bouche cousue, quelques mots et on m'a déjà pris pour un Espagnol (j'ai été à l'école du S persistant et du phrasé rapide ce qui tranche avec un tranquille "entonce, no vemo el Lune amigo"), et quand je dis mon nom de famille on me prend pour un Brésilien. En revanche, mon prénom est un sacré handicap me contraignant à de pénibles répétitions, parfois en vain:
- Como te llamas?
- Greg
- Como?
- Greg
- como?
- Greg
- Bueno


La plus grosse faille dans ma couverture, comme pour beaucoup de coq-aux-vins, c'est la marque du sac à dos: merci Décathlon de nous faire passer pour des cons avec des étiquettes Quechua au milieu des peuples andins. Ceci dit la principale marque argentine d'"outdoor" s'appelle "Montagne" en français dans le texte. C'est caustique à ce moment-là hein?

On s'égare, on s'égare, reprenons notre route. Les paysages sont à la hauteurs et même très haut puisqu'on va attaquer l'Altiplano, le Haut Plateau Andin. Je passe sur le petit plateau (le 48) et je me faufile dans la magnifique Quebrada de Cafayate. Fini les maisons colorées qui sont ici de pisé, les couleurs sont désormais dans la nature, comme suit:


comme ça:


ou ça, au choix:


Puis une belle et longue journée de piste à travers les Vallées Calchaquies où les cimetières semblent plus peuplés que les villages.


Là c'est important. De tout le continent, c'est ici que les locaux ont opposé la plus forte résistance à l'envahisseur (comme dans Astérix). Pendant plus de 130 ans, les Indiens de ces vallées ont tenu la dragée haute à l'armée espagnole. Les Espinguins en avaient tellement ras-le-casque de les récalcitrants ont été transférés dans une banlieue de Buenos Aires. Cette localité porte depuis lors le nom de Quilmes, du nom de ce peuple déporté après une marche forcée de 1200 km . Après leur avoir cassé la tête et les pieds, en guise de suprême hommage national, chacun peut se désaltérer du plus populaire breuvage houblonné de toute l'Argentine en voyant perler les gouttes de fraicheur sur une bouteille étiquetée Quilmes!

Le plus impressionant à "Salta la linda", c'est quand même le Museo de Archeologia de Alta Montana (facile l'espagnol) et ses momies Incas. Vers la fin de l'Empire, celui-ci s'étend jusqu'à l'actuel Nord Ouest Argentin. Il n'y en a qu'une d'exposée, celle du "nino" (je trouve pas le tilde), interdit de photographier, je demande donc à la régie internet une image de la "Doncella", plus saisissante encore:


Le mouflet a plus de 500 ans, conservé à  6700m d'altitude par le froid, le peu d'oxygène, les basses pressions, et l'asepsie du lieu. Les Incas sacrifiaient des enfants bourrés à la chicha (une gnôle de maïs fermenté à foutre un tracteur sur le flanc), ce qui était un honneur réservé aux plus beaux rejetons de bonnes familles. Comme le monde des morts et celui des vivants étaient parallèles, pas de quoi s'inquiéter pour les petits suppliciés.Faut pas non croire qu'ils faisaient ça à tour de bras, c'était assez rare. Ca semble barbare, mais est-il nécessaire de rappeler, attentif lecteur, qu'à la même époque les Européens brûlaient des sorcières avant de venir tabasser les peuples des quatres coins de la planète au nom l'amour du Christ (aaaah je mets les pieds dans le plat).

Puis un passage dans la Quebrada de Humahuaca et ses paisibles villages à plus de 3000m d'altitude. C'est ici, et en dépit de l'imploration céleste en cathédrâle de Salta...



...que je verrai l'Albiceleste échouer aux portes des demi-finales. L'après-midi est rude sous un soleil de plomb:


Attention à partir d'ici c'est le bordel dans la météo. Autant en Patagonie, on se caille 24 sur 24, autant ici, il peut faire 25 degrés au soleil la journée et geler la nuit. L'amplitude journalière  m'est difficile à gérer au contraire du chinois local qui porte un pull au soleil et un pull la nuit.

Re-re-re...passage de la frontière en direction de San Pedro de Atacama au Chili par le Paso de Jama à 4200m d'altitude, on respire un bon coup en sortant du bus pour pas tomber dans les pommes sur le bureau de la douane, ce qui est du plus mauvais effet.


Le désert de l'Atacama est le plus aride du monde, à certains endroits il n'a pas plu depuis plus (c'est compliqué ça) de 50 ans !!! A San Pedro même, il y a environ 360 jours d'ensoleillement, pas de surprise sur la météo donc. C'est aussi dans cette partie du Nord Chili que l'on rencontre un grand nombre de grands télescopes, le ciel est absolument superbe (et je pèse mes mots), on peut y voir une voie lactée immense, traverser le ciel de part en part (pas de photos, manque de moyens techniques). A San Pedro il y a des touristes, des lagunes, des vallées lunaires...


... des geysers...


... et ma plus belle conquête, Colorete ; le casque aplati un peu la crinière, on ne se moque pas au fond:


Ca devient lourd et je vais pas faire une maquette, les photos "speak for themselves", je vais te gâter, ça vient en deux paquets: uno y dos.

Bonsoir.

1 Response to "Cap au Nord"

  1. tom Says:

    oh les belles photos achete pour moi aussi le costard de ton pote

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